En 2014, l’industrie forestière a représenté plus de 20 milliards de dollars du PIB du Canada et employé directement et indirectement 288 000 personnes. Malgré une tradition longue et viable d’exploitation du bois, les changements climatiques font naître de graves préoccupations : la santé des populations d’arbres adaptés aux climats antérieurs de leurs régions décline, ce qui rend les arbres plus vulnérables aux insectes et aux maladies.

Les menaces pesant sur la valeur écologique, économique et récréative des forêts ont été les catalyseurs du projet AdapTree, lancé en 2011. AdapTree est financé par Génome Canada et Genome British Columbia, de même que par les gouvernements de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Des chercheurs utilisent des technologies génomiques de pointe, l’analyse géospatiale et la modélisation climatique pour séquencer des semis et déterminer quels gènes aident les arbres à s’adapter aux conditions climatiques locales et quels arbres devraient être plantés dans telle ou telle région au cours des années d’incertitude qui nous attendent.

« Nous voulons adopter de nouvelles façons de faire sur le terrain, dit Mme Sally Aitken, Ph. D., l’une des responsables du projet et directrice du Centre for Forest Conservation Genetics à l’Université de la Colombie-Britannique. Nous tentons d’apparier les arbres et les nouveaux climats, une cible mobile. »

Les génomes des arbres sont sept fois plus considérables que les génomes humains, ce qui rend cette recherche tout particulièrement complexe. En analysant toutefois les variations génétiques de l’ADN du pin tordu latifolié et d’épinettes de plus de 250 populations pour comprendre comment ils se sont adaptés à la chaleur, au froid et à la sécheresse, Mme Aitken et ses collègues ont identifié des candidats solides à la « migration assistée » sans pour autant sacrifier la diversité génétique. Les chercheurs procèdent maintenant aux analyses finales des données pour confirmer leurs observations avant de recommander aux gouvernements provinciaux des politiques en matière de plantations.

La recherche en foresterie consiste généralement à planter des semis de populations différentes dans plusieurs zones et à attendre une décennie ou deux pour voir les résultats. La génomique, selon Mme Aitken, offre « une image beaucoup plus nuancée de la dynamique de l’adaptation des arbres, beaucoup plus rapidement que les méthodes traditionnelles ».

Le coresponsable d’AdapTree, Andreas Hamann, qui étudie la génomique du paysage à l’Université de l’Alberta, un amalgame de la génétique des populations et de l’écologie des paysages, donne une perspective spatiale au projet. Ses modèles de cartes thermiques, qui portent sur la « vélocité des changements climatiques », aideront les planteurs à suivre le rythme du réchauffement mondial au cours des quelques prochaines décennies. « Il est beaucoup plus productif de procéder ainsi qu’aménager nos forêts comme si le climat était toujours celui des années 1970, dit M. Hamann, ce que nous faisons en fait en ce moment. »