Bonjour à vous tous et toutes, amis de la génomique!
J’arrive de plusieurs jours à l’International Plant and Animal Genome (PAG) Conference qui s’est tenue à San Diego. Cette conférence internationale sur la génomique végétale et animale en est à sa 28e année et attire quelque 3 000 chercheurs de plus de 60 pays dans le monde. Ces derniers travaillent dans les domaines de l’agriculture, de la foresterie, des pêches, de l’environnement, à peu près tout ce qui n’a pas trait à l’humain. C’est là une très belle occasion de rencontrer des chercheurs, d’apprendre les dernières actualités dans un large éventail de domaines scientifiques, d’appuyer et de célébrer les sciences canadiennes!
Quelques observations :
- La génomique exerce une énorme influence sur la recherche en agriculture et en environnement, en particulier en ce qui concerne les changements climatiques. Deux grands éléments moteurs (parmi de nombreux autres) : tout d’abord, la génomique aide à déterminer les gènes/allèles qui aident nos cultures alimentaires essentielles à s’adapter aux changements climatiques – résistance à la sécheresse, à la chaleur, aux agents pathogènes, etc.; ensuite, la génomique raccourcit considérablement les cycles de reproduction, ce qui permet de réagir plus vite aux changements des conditions.
- Les mégadonnées prennent encore plus d’ampleur. Il n’y a pas que les chercheurs qui produisent des tonnes de données génomiques (oui, effectivement), il y a aussi la diversité croissante des données : données phénotypiques, données d’images (provenant des drones, des satellites), données de capteurs, données sur les conditions atmosphériques et le climat et bien d’autres encore. De nouvelles façons de combiner ces données ouvrent de nouvelles voies fécondes à l’étude de questions liées à l’interaction de la génétique et de l’environnement (G*E), mais elles posent aussi des défis de taille et peuvent devenir accablantes.
- La réceptivité aux répercussions sociales de la génomique est très mitigée. Il est évident que la plupart des chercheurs sont conscients de l’impact positif possible de leurs projets de recherche. On voit sans surprise que les nombreux avantages que peuvent entrevoir les chercheurs pour la santé, la nutrition, l’environnement et l’économie les enthousiasment. Par ailleurs, ils sont déçus par un public plus ou moins sceptique et réticent devant les nouvelles technologies, en particulier lorsqu’il est question d’agriculture et d’« OGM » redoutés. Trouver les moyens d’inspirer une confiance soutenue entre la science et le public, particulièrement en agriculture et en environnement, est une question épineuse – l’une de celles auxquelles nous nous attaquons à Génome Canada.
À l’issue de la conférence, j’ai eu l’occasion de réfléchir à la place du Canada dans tous ces bouleversements :
- Les chercheurs canadiens sont présents dans cette sphère scientifique et veulent indéniablement être des chefs de file mondiaux de l’avancement des connaissances et de l’application de la génomique au blé, aux lentilles, aux tournesols, à la foresterie, aux animaux d’élevage – la liste est longue!
- Les nouvelles entreprises canadiennes qui mettent au point de nouvelles applications pour les phytogénéticiens partout dans le monde témoignent des résultats obtenus au Canada (et sont des maîtres pour ce qui est de la décoration de biscuits).
- Les chercheurs canadiens jouissent d’une réputation de chefs de file de la réglementation de la biotechnologie émergente et de solides collaborateurs dans les projets internationaux.
Compte tenu toutefois du volume et du rythme de l’activité mondiale dans ce domaine, je ne peux m’empêcher de craindre que nous ne rations une belle occasion d’investir beaucoup plus dans cette nouvelle science et de profiter davantage des possibilités qui s’offrent au Canada. Les présentations des chercheurs des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne soulignent la valeur stratégique et la nécessité que voient ces pays dans la modernisation de leur agriculture et de leurs ressources naturelles.
Le Canada possède tous les « ingrédients » pour suivre la cadence, nous devons maintenant montrer que nous avons aussi la volonté (et la « recette ») pour le faire. Du travail nous attend. Retroussons nos manches!
Cordialement,
Rob Annan
Président et chef de la direction
Génome Canada