Des chercheurs canadiens mobilisent les innovations de la génomique pour faire tomber les défenses du cancer et mettre au point des traitements plus efficaces, plus ciblés. Une percée récente a trait au lien entre la récidive de la leucémie myéloïde aiguë (LMA) et des cellules souches rares réfractaires au traitement, présentes au moment du diagnostic et avant le début de la chimiothérapie. Cette constatation pourrait grandement améliorer l’efficacité des médicaments anticancéreux.
Parmi les mystères qui entourent les raisons pour lesquelles certains cancers sont plus virulents que d’autres, celui du taux si élevé de récidive de la leucémie myéloïde aiguë (LMA) a longtemps déconcerté les cliniciens et les chercheurs. Dans des résultats publiés dans la revue scientifique Nature en juin 2017, M. John Dick, Ph. D., chercheur principal au Princess Margaret Cancer Centre et professeur de génétique moléculaire à l’Université de Toronto, a rattaché les origines de la récidive de la leucémie myéloïde aiguë (LMA) à des cellules souches rares de la leucémie réfractaires au traitement, déjà présentes au moment du diagnostic et avant le début de la chimiothérapie.
« Pour la première fois, nous avons conjugué les connaissances de la biologie des cellules souches et celles de la génétique — des domaines qui, traditionnellement, ont souvent été dans des camps séparés — pour identifier les mutations portées par les cellules souches et les liens des unes par rapport aux autres dans la LMA », dit M. Dick, un pionnier de renommée mondiale dans le domaine des cellules souches du cancer qui a identifié celles de la leucémie en 1994.
« Le Canada a bonne réputation en recherche sur les cellules souches du cancer. Même si nous en sommes encore aux premiers stades, les Canadiens font des progrès prodigieux qui amélioreront les résultats pour les patients atteints de cancers actuellement difficiles à traiter. »
– James Till, vice-président, Consortium sur les cellules souches du cancer
Les résultats donnent des indications importantes de la biologie de la LMA, une maladie qui touche environ une personne sur 10 000 au Canada et dont le taux de survie à long terme est de 10 % seulement. Ils offrent la possibilité de développer des traitements qu’on ciblera sur les cellules les plus susceptibles de déclencher la récidive.
Ces résultats n’auraient pas pu survenir il y a cinq ans, a dit M. Dick en parlant de sa percée au sujet de la LMA, mais grâce à l’évolution du séquençage exhaustif, nous avons pu utiliser la technologie au moment précis et où nous devions le faire et la mobiliser pour les travaux que nous menons depuis des décennies. »
La découverte de M. Dick est le fruit d’un investissement de longue date de Génome Canada en recherche sur les cellules souches du cancer, un front pionnier d’exploration au potentiel accéléré de manière incalculable par les progrès des deux dernières décennies en génomique.
Génome Canada a beaucoup contribué à la création du Consortium des cellules souches du cancer (CCSC) en 2007. Ce consortium a pour objet de coordonner une stratégie internationale en recherche sur les cellules souches du cancer et de transformer les découvertes en applications cliniques. Tout comme M. Dick, MM. Tak Mak du Princess Margaret Cancer Centre de Toronto et Guy Sauvageau de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de Montréal, font partie d’autres chercheurs financés par Génome Canada et des partenaires, par le truchement du CCSC et qui, avec leurs équipes de recherche, ont fait des progrès considérables qui pourraient mener à la mise au point de nouveaux médicaments anticancéreux.
Récemment, en 2016, les parte- naires du CCSC se sont engagés à appuyer l’équipe de rêve en recherche sur les cellules souches, Stand Up 2 Cancer Canada, dirigée par le Dr Peter B. Dirks, neurochirurgien et chercheur principal à l’Hôpital pour enfants malades de Toronto et M. Samuel Weiss, directeur de l’Hotchkiss Brain Institute à Calgary. L’équipe de rêve s’efforce de mettre au point de nouveaux traitements contre le cancer du cerveau chez les enfants et les adultes.